Jeu d'aiguilles ou jeu de jambes ?
Dimanche, temps maussade, plafond nuageux plus que bas, aucune perspective de ciel bleu à très courte durée, le feu crépite dans la cheminée, pas de doute, c'est un temps à tricot. Ni une, ni deux, j'enfourche les aiguilles et j'étale la serpillière sur mes genoux (c'est qu'elle commence à faire son poids, la bête) pour voir ce qu'il me reste à faire. Pas grand chose certes mais je ne peux pas encore dire que j'ai eu la peau de la bête. Qu'à cela ne tienne, je m'y mets. Mais j'avais oublié que Ken, assis près de moi, regardait le "matcheu de ruguebi-eu" (avé la cent). Celui ki dit que ça fait pépère-mémère, il sort ! Sauf que moi, j'aime bien le rugby alors du coup, le tricot, il est un peu resté en plan. Je crois qu'il me reste genre 2-3 rangs. Je vous montre ça :
Tout ça pour en revenir à mon fameux match Écosse-France. Passke forcément, quand je regarde un sport co., je ne peux pas m'empêcher de faire les commentaires, au grand dam de Ken qui, d'ailleurs, a du mal à se concentrer sur l'action. Surtout qu'au rugby, il y a de quoi commenter. Bon, les tenues, n'en parlons pas, c'est comme au foot : bleu, blanc, rouge. C'est plutôt les joueurs. Inutile de vous dire que j'ai fait mon petit marché mais je n'ai rien vu qui put appâter la galerie (moi en l'occurrence). Je ne sais pas si vous avez déjà vu la carrure des bestioles, de véritables armoires normandes (la Charmette, peut, peut-être, confirmer la stature armoire normande ?). Je ne vous parle pas des cuissots des gaillards. Attention mesdames, pour chaque joueur, c'est minimum 100, voire 120 kilos de bidoche muscles. J'essayais de m'imaginer dans les bras d'un de ces rugbymen... Je crois qu'on entendrait mes petits os se désagréger sous la poigne du molosse. Il y en a un de joueur, le N°16, qui occupe bien l'espace. Désolée, je suis moins calée en rugbymen qu'en footballers. Le N°16, le voilà, c'est Dimitri, 1,80m au garrot, 102kg :
photo piquée sur la toile mondiale
Là, il est au repos et de 3/4 mais je vous laisse l'imaginer "live" en pleine action. Pour un bras du N°16, vous avez 2 gambettes de Barbie minimum. C'est vous dire de quoi j'ai l'air à côté ! Il me plaque au sol et je me retrouve en kit. Remarquez, c'est le propre des poupées Barbie, les membres se déboîtent. Vous imaginez les joueurs en train de rassembler mes membres sur la pelouse pour me reconstituer ? Attendez M'sieur l'arbitre, on a inversé les bras de la blonde... Je n'ose même pas m'imaginer ledit N°16 m'enlaçant ou pire, se couchant près de moi. Je ferais un bon de 3m quand il investirait la couche, vu son poids. Et hop, Barbie, scotchée au plafond... Ouais, ouais, vous pouvez rigoler.
Quant à leur tête, c'est clair qu'on a vu plus engageant. Il y a d'abord le protège-dents qui ne donne pas vraiment envie de leur rouler un patin. Cela dit, heureusement qu'ils en ont un, car quand on voit les télescopages ou les coups qu'ils se prennent, c'est préférable. Moi, au moindre choc, j'ai soit le dentier qui se plante dans le gazon, soit un full et un brelan de dents avec les bridges éclatés sur la pelouse. D'ailleurs, avez-vous remarqué que les rugbymen sourient rarement ? Il faut dire aussi que leur sourire est souvent édenté, donc autant faire la gueule. En plus, ça fait peur à l'adversaire.
photo piquée sur la toile mondiale
Ensuite, certains joueurs portent ce truc immonde qui leur donne un air de pitbull. Mais là encore, c'est pour les protéger des coups sur la tête. Imaginez ma choucroute capillaire avec un truc pareil. Ça déborderait de partout et pour le coup, j'aurais plus l'air d'un caniche que d'un pitbull.
photo piquée sur la toile mondiale
Il faut dire aussi que côté crinière, on a le choix entre la toison de Sanson, qui facilite la prise surtout si le joueur envisage de traîner son adversaire tel un homme des cavernes, et la coupe Kojak, qui permet de faire diversion et de faire croire à l'adversaire qu'il s'est bien saisi du ballon alors que son coéquipier court à perdre haleine marquer un essai avec le vrai ballon qu'il serre dans ses grosses paluches.
Ce qui finit bien le personnage aussi, c'est le bandage autour de la tête. Ledit bandage n'est pas là pour faire office de serre-tête Marie-Chantal (Marie-Chantal, si tu nous lis...) mais bien pour cacher un coup de crampon qui a provoqué une ouverture suturée sur au moins 15 cm. Au passage, on notera aussi, sur le visage, les cicatrices de blessures anciennes ou toutes récentes, un œil au beurre noir ou un pansement sur le bout du nez. Tue l'amour tout ça !!! Mais bon, il en faut pour tous les goûts.
Ce que j'aime par dessus tout dans ce sport, c'est le mikado vivant autrement appelé "mêlée" dans le jargon du rugby. C'est un enchevêtrement de bras et de jambes qui s'agitent dans tous les sens, de fesses musclées et de têtes étranglées entre deux cuissots qui s'accrochent à la pelouse pour repousser l'adversaire, donnant lieu ainsi à une danse étrange (2 pas en avant, 3 pas en arrière, un pas à gauche, 2 pas en arrière, 3 pas à droite, etc.). Là, je n'ai pu m'empêcher de penser au joueur qui, mine de rien et surtout sans crier gare, lâche Médor. Comment le savoir ? Soit à l'odeur si le pet est discret, soit au bruit s'il résonne dans le stade. Ce qui arrive forcément à un moment ou à un autre du jeu. Et quand je pense qu'on nous demande de faire attention à la couche d'ozone... En plus, comment voulez-vous que l'arbitre fasse son boulot parmi tous ces membres actifs ? Il agite ses bras comme les types qui guident les avions sur le tarmac, gueule des ordres dans une langue incompréhensible et finit par siffler une fois que tous les joueurs sont empilés les uns sur les autres. Ensuite, il se passe au moins 10 minutes avant que tout le monde se retrouve debout et ça recommence. Ça serait intéressant de calculer le nombre de minutes de jeu effectif par rapport au nombre de minutes passées entassés.
Bref, tout ça pour vous dire qu'il y a des sports qui sont, quand même, moins glamour que d'autres. Et encore, on a de la chance passke nos joueurs à nous ce sont des éphèbes à côté des joueurs écossais... Vive le sport !
- Barbie -